Le blogue du Québec maritime

48 heures en Minganie
  • Éric Marchand

48 heures en Minganie

La région de la Minganie, en Côte-Nord, mérite assurément le détour. Chaque visiteur trouvera son bonheur sur ce territoire sans maquillage ni fond de teint, qui charme sans tromper. La forêt y est généreuse et le silence apaisant. On est émerveillé par ce coin de pays encore trop méconnu, qui séduit le néophyte avec une belle avidité. On est saisi par sa beauté sauvage et l’omniprésence de l’eau, dans cette partie de la Côte-Nord qui ressemble à une grosse éponge. Rivières, lacs, cascades, dont la chute Manitou, sans oublier le Saint-Laurent et ses dimensions maritimes, donnent à ce décor brut des airs de petit paradis et de terre inexplorée. De Rivière-au-Tonnerre à Natashquan, en passant par Havre-Saint-Pierre et l’époustouflant archipel de Mingan, la Minganie étale ses 360 km de littoral comme une promesse d’évasion. Les paysages, à couper le souffle, restent un des maillons forts de cette contrée lointaine gâtée par la nature.

 

Jour 1 (matin) : coup de foudre à Rivière-au-Tonnerre

Posé sur une terre de granit, le village de Rivière-au-Tonnerre est une agréable entrée en matière. Souvent citée parmi les plus belles de la Côte-Nord, cette localité d’à peine 400 âmes, autrefois capitale du crabe, abrite quelques chutes spectaculaires, accessibles par des sentiers. L’atmosphère est propice à la détente et à la contemplation, et rien de vaut une petite balade sur les berges, ou sur le dos bombé de rochers sans âge battus par les vents, pour humer l’infini et faire le vide.

Église de Rivière-au-Tonnerre © Eric Marchand

Église de Rivière-au-Tonnerre © Eric Marchand

Son église de style normand doit absolument être visitée. À l’intérieur, les couleurs pastel éblouissent le regard, tout comme la soixantaine de motifs taillés au canif. Classé au patrimoine religieux du Québec, cet édifice tout en bois, qualifié parfois de petite cathédrale, est l’œuvre des habitants, qui ont mis 7 ans à le construire au début du 20e siècle. Tout aussi intéressante est la Maison de la Chicoutai. Bruno Duguay y révèle tous les secrets de ce petit fruit emblématique au goût acidulé et à la cueillette éreintante, en parfaite symbiose avec le climat local, et qui inspire quantité de recettes et de produits (confiture, beurre, tisane, liqueur…).

 

L’après-midi : la magie des monolithes sur l’archipel de Mingan

Vous apprendrez à écouter le silence dans la réserve du parc national de l’Archipel-de-Mingan, accessible à partir de Havre-Saint-Pierre (mais aussi de Longue-Pointe-de-Mingan), une ville à forte descendance acadienne. Greffé en 1984 au réseau des parcs nationaux du Canada, ce chapelet d’îles et d’îlots est unique en son genre. Certains de ces petits édens ont été aménagés pour accueillir les randonneurs et les amateurs de camping sauvage. Dans ce registre, l’île Quarry est la mieux pourvue, à l’image de ces sentiers en bois qui permettent de la parcourir du nord au sud et de traverser plusieurs écosystèmes. Seul ou en compagnie d’un guide de Parcs Canada, l’archipel dévoile une flore étonnante. Avec plus de 400 plantes vasculaires identifiées, sa diversité est même supérieure à la concentration d’espèces végétales présente sur les côtes.

 

Un monolithe de l'archipel de Mingan © Eric Marchand

Un monolithe de l’archipel de Mingan © Eric Marchand

La géologie est l’autre point fort de ces havres de quiétude. Si chaque île possède une ambiance et une personnalité propres, la présence de monolithes millénaires, la plus forte concentration au Canada, rallie les suffrages et les mines ébahies. C’est peu dire que ces roches monumentales composées de sédiments, sculptées par les eaux et le vent, sont les véritables stars de cette réserve où le lichen foisonnant est un indicateur d’air pur. Leurs silhouettes façonnées par le temps ont même inspiré feu Roland Jomphe, une figure locale, qui a répertorié plusieurs de ces roches en leur attribuant une forme spécifique. Là un aigle, ici un serpent ou une tortue, et même l’ancien président américain Richard Nixon…

 

Jour 2 (matin) : les confessions de Natashquan

Au bout de la route 138, Natashquan (« là où l’on chasse l’ours » en innu) se déguste comme un petit dessert ponctuant un périple copieux et dépaysant en diable. Assurément la cerise sur le sundae. Une matinée ne sera pas de trop pour découvrir les secrets et les petits trésors de ce village pétri de culture et d’artisanat, qui est aussi le berceau de l’illustre Gilles Vigneault, sur un territoire appartenant à la communauté innue. Terre de légendes, de musique et de poésie, cette localité du bout du monde est notamment reconnue pour son Festival du conte et de la légende de l’Innucadie, qui a lieu en juillet.

Charmante petite terrasse avec vue sur les Galets © Eric Marchand

Charmante petite terrasse de l’Echourie avec vue sur les Galets © Eric Marchand

Ses Galets – d’anciennes cabanes de pêcheurs classées au patrimoine historique en 2005 -, son église construite avec le bois de deux bateaux naufragés (une des plus anciennes de la Côte-Nord), ou encore sa vieille école restaurée, dédiée à la mémoire des « écoliers des anciens jours », et au poète Vigneault en particulier, sont quelques raisons d’écouter battre le cœur de l’histoire locale. Un petit détour par la Copacte, corporation de développement patrimonial, culturel et touristique de Natashquan, sera tout indiqué pour faire le plein d’information et optimiser son séjour.

 

 

L’après-midi : une baignade pour finir en beauté

Le Saint-Laurent a beau être réputé pour ses eaux plutôt fraîches en été, Natashquan fait une exception. Il est en effet possible de se baigner dans sa baie et son eau peu profonde, grâce à la rencontre des courants de deux rivières : la Grande et la Petite Natashquan. C’est aussi l’occasion de faire une halte au café-bistro de L’Échourie, avec sa vue imprenable sur la plage et l’immensité bleue. Véritable institution dans la région, ce cocon antistress fourmille d’activités culturelles et d’échanges. Un symbole parmi d’autres de ce coin de pays attachant, qui vous retient par la manche quand vient le temps de rebrousser chemin.

 

Pour plus d’information
Voyages CoSte

22 Rue De L’Église, C.P. 39, Rivière-au-Tonnerre, G0G 2L0
Téléphone: 418 465-2002
Sans Frais: 1 877 573-2678
www.voyagescoste.ca

 

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