Le blogue du Québec maritime
- Jeff Bartlett
L’Auberge de montagne des Chic-Chocs vue par un skieur hors piste
Je n’aurais pas pu choisir un meilleur moment. Alors que je prenais l’avion pour traverser le Canada, de l’Alberta jusqu’au Québec, une forte tempête laissait près de 100 cm de neige le long de la côte gaspésienne. Bien que la plupart des voyageurs craignent les intenses tempêtes hivernales, c’était exactement ce que je souhaitais. En tant que photographe d’aventure, je me rendais en Gaspésie pour la première fois afin d’y faire du ski de haute route.
Au cours des journées qui ont suivi, j’ai appris à ma grande surprise que l’Auberge de montagne des Chic-Chocs n’est pas seulement la meilleure auberge pour le ski de haute route au Québec, mais également l’une des plus belles au Canada.
Cette dernière affirmation – que l’Auberge est l’une des plus belles au Canada – n’est pas une exagération. Dès mon arrivée, deux choses m’ont sauté aux yeux : la qualité du ski semblait exceptionnelle et l’auberge elle-même me paraissait d’un luxe incroyable pour une destination dans un milieu si isolé en montagne.
Après trois nuits à l’auberge, j’ai également appris que c’est l’expérience générale qui fait de l’Auberge de montagne des Chic-Chocs une destination de premier ordre.
Ski de haute route
Le ski était exceptionnel, tout simplement. Nous avons eu de belles conditions de neige poudreuse et, grâce à l’équipe de guides de l’Auberge, nous avons skié sur un terrain présentant de beaux défis.
Nous avons passé notre premier après-midi à skier sur des pentes directement à partir de la porte de l’auberge, jusqu’à la chute Hélène, d’une hauteur de 70 m. Le lendemain, notre journée a commencé par une balade de 6 km en véhicule à chenilles jusqu’au refuge du Coyote, au pied du mont Frère du Nicol-Albert. Le refuge était notre camp de base pour la journée, nous offrant un abri chaud pour laisser du matériel, nous réchauffer et savourer notre dîner. La trace d’ascension commence littéralement au seuil de la porte du refuge, et chaque descente présentait un dénivelé d’environ 350 m. Nous en avons fait plusieurs durant six heures. Certains membres du groupe n’en ont fait que deux, tandis que d’autres en ont fait sept.
Le lendemain, nous avons fait une sortie plus longue au mont Coleman. D’une altitude de 950 m, il s’agit de l’une des montagnes les plus hautes du secteur. Au bout du compte, nous n’avons jamais atteint le sommet, mais nous avons fait plusieurs descentes sur l’épaule sud-est. Les pentes étaient abruptes et les arbres bien espacés. En rentrant à l’auberge, nous avions fait quatre descentes à différents endroits et cumulé un dénivelé positif de plus de 1000 m sur une distance de 10 km.
Pour mettre le ski en perspective, je tenterais une comparaison avec les conditions auxquelles je suis habitué dans l’ouest du Canada. Les Chic-Chocs et les Rocheuses reçoivent une quantité de neige comparable : environ 700 cm en moyenne chaque hiver.
Le paysage est différent, mais le ski présentait plusieurs similitudes. Lorsque le risque d’avalanche est élevé, il est normal de skier dans les secteurs boisés parce qu’ils sont généralement plus sécuritaires. Dans le parc national Banff, les sous-bois sont dans un état naturel et les arbres sont assez rapprochés. Il peut être difficile d’y faire son chemin. Sur le mont Frère du Nicol-Albert, les guides de l’Auberge passent l’été à dégager et à entretenir cinq pentes distinctes. Ceci donne des sous-bois très ouverts qui permettent aux skieurs de niveau avancé de skier avec vitesse et confiance.
Surprise Pass, une traverse légendaire située près du lac Louise, en Alberta, offre une expérience similaire à notre journée au mont Coleman. L’excursion de 16 km comprend 1000 m de dénivelé positif et deux descentes. Au mont Coleman, nous avons cumulé un plus grand dénivelé, mais nous avons couvert une distance moindre.
L’Auberge de montagne des Chic-Chocs
En tant que skieur hors piste d’expérience, j’ai été emballé. J’ignorais totalement qu’il y avait de la neige et du terrain de cette qualité dans l’est du pays. À la fin de chaque après-midi, nous rentrions à l’auberge pour relaxer, récupérer et revivre les événements de la journée.
Il est facile de dresser la liste des commodités et des services de l’Auberge de montagne des Chic-Chocs. Il y a des chambres individuelles, un salon avec des fenêtres panoramiques donnant sur le mont Coleman, un bar en formule libre-service (principe d’intégrité) et une superbe salle à manger, où une équipe de chefs prépare de délicieux repas gastronomiques. Après le souper, les guides proposent un choix de trois activités pour le lendemain, allant d’une longue sortie de ski de haute route à une demi-journée de raquette. Il y a toujours des activités pour tous, quel que soit leur niveau d’habileté et d’énergie. Pour aider à soulager les muscles endoloris, il y a des séances d’étirement quotidiennes, des soins de massothérapie et un spa extérieur. La seule chose qui nous rappelle que cette destination de luxe se trouve dans un décor de montagne exceptionnel et reculé est l’omission, fort appréciée, d’un réseau Wi-Fi et d’un service cellulaire.
Mais outre ces commodités confortables, c’est l’expérience globale de l’Auberge qui rend votre séjour si spécial. Elle commence autour d’un verre durant l’après-ski et se poursuit jusque dans la salle à manger, où les repas sont partagés dans une ambiance familiale, autour de quatre longues tables, plutôt qu’à des tables individuelles.
L’expérience
J’ai partagé chaque souper avec des personnes différentes. Le premier soir, j’ai discuté des Chic-Chocs avec des skieurs d’expérience qui habitent seulement à quelques heures de route. Ils vouent une réelle passion pour leur région et me parlaient de leurs pentes favorites en les nommant par leur nom. Ils ont déjà skié dans l’Ouest, mais ils aiment leur terrain de jeu et la communauté de skieurs de haute route de leur région. Le deuxième soir, j’ai partagé des anecdotes de voyage avec deux hommes de l’État de New York qui ont réservé leur séjour après avoir vu un film de Warren Miller, puis qui ont fait 13 heures de route depuis New York pour arriver ici. Ils ont fait du ski de haute route pour la première fois ce jour-là. Même s’ils étaient épuisés après leur journée, ils ont adoré leur expérience. Et enfin, j’ai parlé avec le directeur de l’Auberge, Guy Laroche, pour en apprendre davantage sur l’histoire de l’endroit.
Je suis le premier à reconnaître que, comme pour n’importe quel voyage de ski, les conditions de neige ont joué pour beaucoup. Après quelque 100 cm de nouvelle neige reçue juste avant mon arrivée, je savais que les conditions ne pouvaient pas être meilleures. De plus, grâce à notre équipe de guides et à leur connaissance approfondie du terrain, nous avons profité pleinement de nos sorties en ski. Chaque fois que je réserve un voyage de ce genre, je m’attends à faire du beau ski. Mais la raison pour laquelle j’aimerais tant retourner à l’Auberge, c‘est la rencontre avec les gens.
Nos quatre jours là-bas se sont déroulés dans une ambiance chaleureuse et communautaire. Sur la piste d’ascension en ski ou autour d’une bière à l’après-ski, j’ai eu des conversations avec à peu près tous les clients de l’auberge. Aucun d’entre nous n’a touché à son téléphone ni éprouvé le besoin d’aller sur Internet.
Nous avons tous déconnecté de notre vie de tous les jours, et nous avons passé la semaine exactement comme nous le souhaitions : dans la grande nature des Chic-Chocs.
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