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Une escale aux Îles de la Madeleine : 72 heures ailleurs
  • David Lang

Une escale aux Îles de la Madeleine : 72 heures ailleurs

Changer d’air, radicalement. S’offrir une parenthèse de bonne humeur et de vents salés au parfum d’Acadie, de celles qui aèrent les têtes, cajolent les corps et gagnent les cœurs. En trois jours aux Îles de la Madeleine, moyennant un tour d’avion ou de bateau pour rejoindre le cœur du golfe du Saint-Laurent, la « mission évasion » semble un jeu d’enfant. Mais elle n’est pas sans risque : le coup de foudre peut frapper à tout moment. De l’est à l’ouest, du sud ou nord, en étoile? Comment aborder le bel archipel en forme d’hameçon? Voici un itinéraire pour mordre les Îles à pleines dents.

Les Îles, enfin ! Que l’on débarque du bateau à Cap-aux-Meules ou descende de l’avion sur l’île du Havre aux Maisons, c’est le centre de l’archipel qui nous accueille. Avant de prendre la route – au sens littéral, puisque la 199 est l’unique voie de circulation parcourant le chapelet d’îles sur toute sa longueur –, on commence par choisir son mode d’exploration. Pour un périple tout confort et un programme sur mesure, la compagnie Autobus Les Sillons offre un service de tours guidés aux petits oignons. Découvrir les Îles en vélo, c’est possible aussi et même recommandé; après tout, notre route principale ne titre « que » 85 kilomètres d’un bout à l’autre de l’archipel. Cependant, pour maximiser les temps d’escale, on est bien inspiré de louer un véhicule à Cap-aux-Meules. Sans regret, car à la vue du paysage, quelque chose nous dit que les occasions ne manqueront pas de se dégourdir les mollets sur ces collines, ces plages et dans cette mer qui nous fait déjà de l’œil… Un arrêt au bureau d’information touristique, histoire de se munir d’une carte et de toutes les infos utiles pour ne rien manquer d’essentiel, et c’est parti. Cap à l’extrémité nord-est de l’archipel, objectif Grande-Entrée!

 

Première journée : la Grande Entrée… en matière

Excursion nautique à La Salicorne © David Lang

Excursion nautique à La Salicorne © David Lang

Les 58 km qui séparent Cap-aux-Meules de Grande-Entrée offrent une sublime introduction à la géographie madelinienne. On rejoint la Grosse Île via la Dune du Nord, une longue bande de sable effilée à souhait et seulement interrompue par la minuscule île aux Loups. Difficile de résister au charme de cette langue blonde qui s’étire entre mer et lagune. Arrivé à Grosse-Île, on jette un œil et plus si affinités à l’une des plus belles plages de la planète, celle de la Grande Échouerie. Puis l’île de la Grande Entrée nous invite à poser enfin notre baluchon pour faire plus ample connaissance avec l’un des coins les plus authentiques de l’archipel.

Heureux ceux qui optent pour La Salicorne comme quartier général. Fièrement campée sur sa colline, cette auberge champêtre au grand cœur n’a pas son pareil pour faire vivre les Îles à ses hôtes. Quelques immanquables : un tour au quai de Grande-Entrée, le plus grand port de pêche au homard du Québec; une randonnée guidée pour découvrir les paysages délicats, la flore et la faune de la Pointe-de-l’Est. Mais aussi une excursion nautique que vous ne ferez nulle part ailleurs : « Les Grottes », autrement dit l’exploration en combinaison isothermique des falaises de la Bluff porté par… les vagues. Sensationnel! On vous en reparlera.

La journée s’achève dans la convivialité festive, les saveurs locales et le confort de notre nid d’un soir.

 

Jour 2, matin : une mise en bouche à Havre-aux-Maisons

La pièce est chauffée et moulée dans cet grand four © David Lang

La pièce est chauffée et moulée dans cet grand four  à La Méduse © David Lang

Un conseil, programmez votre premier réveil aux Îles au moment où le soleil se lève lui aussi. L’intérêt est double : s’offrir un pur moment de magie et ne pas perdre une goutte de cette matinée placée sous le signe des savoir-faire et des saveurs insulaires.

Après un bon petit-déjeuner, retour par la 199 à Havre-aux-Maisons, où trois arrêts au moins sont à faire : la Verrerie La Méduse, pour s’émerveiller du travail des souffleurs de verre qui officient dans cette ancienne école reconvertie en atelier et en boutique; la fromagerie artisanale Pied-de-Vent, qui produit, entre autres douceurs au lait cru, l’excellent fromage du même nom; et les bâtiments historiques du Fumoir d’Antan, où les frères Arsenault – quatrième génération de boucaniers – vous feront goûter leur hareng fumé dans la plus pure tradition. Il est bientôt midi. Si on passait aux choses sérieuses?

 

Jour 2, après-midi : L’Étang-du-Nord, plat de résistance

Poursuivons la conquête de l’ouest de l’archipel par la 199. Sur l’île du Cap aux Meules, le gourmand gourmet ne résistera pas aux propositions de la Table des Roy, une belle adresse gastronomique de L’Étang-du-Nord où le meilleur du terroir madelinot s’offre dans toute sa fraîcheur. C’est le moment de vérifier la réputation mondiale du homard des Îles. Et de succomber. Est-ce la culpabilité ou l’appel des paysages qui vous incitera ensuite à un après-midi d’activités au grand air? Tout proche, le parc de Gros-Cap est un must pour s’adonner au kayak de mer autour d’un site naturel exceptionnel pour ses plages et surtout sa dentelle de falaises rouges ponctuées de grottes. Quelle que soit l’option, pur bonheur à l’horizon. S’il vous reste du temps à tuer après tout cela, promenez-vous sur ce littoral si singulier qui se déplie de caps en phares, ou laissez-vous aller au farniente sur les plages. C’est en toute sérénité qu’on reprend la route pour l’île du Havre Aubert, à la pointe sud de l’archipel.

Salle à manger de Havre-sur-Mer avec vue sur ... la mer © David Lang

Salle à manger de Havre-sur-Mer avec vue sur … la mer © David Lang

Un point de chute à Havre-Aubert? Deux conseils valent mieux qu’un : l'Auberge Havre-sur-Mer est un petit trésor d’hébergement à portée de plage, tandis que l’Auberge Chez Denis à François est un monument de l’accueil madelinot, plaisirs de la table en prime.

 

 

 

Jour 3 : l’île du Havre Aubert comme un bouquet final

Avertissement : ce dernier jour semblera s’écouler bien plus vite que les grains blonds dans les sabliers en vente à l’ÉCONOMUSÉE® du Sable. La découverte de ces fameux Artisans du sable est d’ailleurs une bonne manière d’entamer la journée. Plus qu’une boutique, voilà un haut lieu de poésie et d’ingéniosité où piocher de jolis souvenirs sculptés avec le sable des Îles. On enchaîne à deux pas de là par une promenade sur le site historique La Grave et son enfilade de vieux bâtiments de pêche le long d’une jolie plage de galets, un témoignage émouvant car parfaitement conservé de l’histoire des Îles. Pour s’enivrer de notes de musique et de convivialité tout en se régalant de douceurs locales, prière de ne pas rater le Café de la Grave, un resto-café familial vraiment pas comme les autres. L’île du Havre Aubert recèle d’autres merveilles… mais le sable s’écoule!

Une des nombreuses plages...celle de La Grave © David Lang

Une des nombreuses plages…celle de La Grave © David Lang

Il est temps de reprendre la route vers l’est et de s’offrir en chemin une dernière escale. Par exemple au parc du site de la Côte, qui jouxte le port de pêche de l’Étang-du-Nord et où de coquettes boutiques colorées rivalisent de tentations en tous genres, notamment en objets volants bien identifiés, les Îles étant l’incontestable paradis des cerfs-volants. Pour noyer (avec modération) le chagrin de la fin du séjour, un petit tour à la microbrasserie « À l’abri de la Tempête », encore un lieu qui concentre le meilleur de l’archipel : sa nature à la fois douce et fougueuse, ses produits distinctifs hérités de la mer et du vent, la créativité de ses habitants et leur inimitable sens du partage.

 

Santé! Et surtout à bientôt, douces perles insulaires…

Auteur David Lang

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