Le blogue du Québec maritime

10 expressions québécoises qui évoquent l’automne
  • Havre-aux-Maisons, Îles de la Madeleine
    Mathieu Dupuis

10 expressions québécoises qui évoquent l’automne

L’automne est une saison rêvée pour visiter les régions du Québec maritime. Alors que l’achalandage diminue, vous aurez assurément la chance de discuter avec les gens de chez nous, et d’entendre toutes sortes d’expressions. Certaines d’entre-elles risquent d’ailleurs de vous surprendre par leur signification! Afin de vous aider à vous préparer, nous vous avons listé ici 10 expressions québécoises à connaître.

1. Chanter la pomme

Au Québec, dans beaucoup de régions, l’automne est synonyme de « saison des pommes ». N’allez pas vous imaginer toutefois que cette expression signifie qu’on déambule dans les vergers en chantant à tue-tête! Si quelqu’un vous « chante la pomme », il tente en fait de vous séduire par ses paroles. Bien qu’on puisse y voir une origine biblique, la pomme étant le fruit de la tentation, l’expression viendrait plutôt d’une déformation du mot « paume ». À l’époque où les contacts entre jeunes se faisant la cour étaient surveillés de près, les prétendants profitaient des danses pour presser leurs paumes l’une contre l’autre et ainsi se démontrer subtilement leur intérêt. Si le contexte social a changé avec le temps, l’expression, elle, est restée et est fréquemment utilisée! Notre destination est d’ailleurs des plus romantiques pour ceux qui souhaitent se chanter la pomme!

2. Être dans le champ

L’automne est, comme à beaucoup d’endroits, la saison des récoltes dans nos régions! Les producteurs maraîchers sont alors nombreux dans les marchés publics, où on retrouve une vaste gamme de légumes frais! On pourrait alors croire que l’expression « être dans le champ » est positive et bucolique, mais il n’en est rien! Ça signifie plutôt qu’on s’est trompé, qu’on est dans l’erreur. Vous pourriez également entendre la variante « être dans les patates »! C’est équivalent de « être à côté de la plaque ».

3. Venter à écorner les bœufs

Autrefois, il était de pratique courante de profiter des forts vents pour couper les cornes des bœufs, les courants d’air pouvant accélérer la cicatrisation et le séchage des plaies. Ainsi, on évitait que les mouches tournent autour des animaux. C’est de là que provient cette expression, qui est également utilisée ailleurs qu’au Québec. Seulement, dans le reste de la francophonie, on utilisera plutôt le verbe « décorner ». Sa variante « écorner », est une version bien de chez nous, considérée comme vieillie, mais toujours utilisée!

4. Caller l’orignal

L’automne est la période de la chasse au Québec et certains chasseurs à l’orignal, afin de traquer l’animal, avaient auparavant l’habitude de l’attirer en imitant son cri. Ici, « caller » veut donc dire « appeler », de l’anglais « to call ». Mais cette expression a aussi une signification bien différente et un peu dégoûtante… On l’utilise parfois, à la fin d’une soirée trop arrosée, quand une personne est malade après avoir trop bu (bruyamment vous le devinez)!

5. Tire-toi une bûche

La saison des couleurs est également la période de l’année où beaucoup de Québécois, afin de se préparer pour l’hiver, coupent leur bois de chauffage. Mais n’allez pas croire qu’on vous demande ici de vous éreinter sur des billots de bois! Cette expression est plutôt une sympathique invitation à vous asseoir, qui provient sans doute de l’époque de la colonisation française en Amérique du Nord. Pour certains, les conditions de vie étaient précaires et des bûches étaient souvent utilisées comme siège. L’expression est restée, mais, soyez sans crainte, nos chaises et fauteuils sont aujourd’hui très confortables!

6. Parler à travers son chapeau

Avec les températures qui s’adoucissent à l’automne, il vient un moment où il faut se couvrir davantage pour nos activités extérieures. Par contre, nul besoin de porter de chapeau pour parler à travers! Cette expression, qui est un calque de l’anglais, veut dire qu’une personne parle à tort et à travers d’un sujet qu’elle ne connaît pas.

7. Les bottines doivent suivre les babines

À l’automne, on aime bien enfiler nos bottines et partir à la découverte des paysages colorés dans nos régions! Et les babines, soit les lèvres, dans tout ça? En effet, cette expression n’a aucun lien avec la randonnée… Elle signifie plutôt que nos actions doivent refléter nos paroles. Une personne dont les bottines ne suivent pas les babines est donc quelqu’un qui parle beaucoup, mais qui n’agit pas.

8. Être tricoté serré

Lors de votre voyage, vous entendrez peut-être des gens dire qu’au Québec, on est « tricotés serré ». Cette expression ne désigne pas un tricot à proprement parler, mais plutôt les liens entre les gens! Elle signifie que, à l’image des mailles d’un vêtement chaud, nous sommes unis par un lien très fort, bien solide. Quelqu’un pourra alors vous dire que sa famille, son groupe d’amis ou même son équipe de travail sont tricotés serré!

9. Tirer la couverte de son bord

Au Québec, une « couverte » est un synonyme de « couverture », et « bord » celui de « côté ». On pourrait donc croire que cette expression est reliée aux températures fraîches et au fait qu’on cherche alors à se couvrir pour dormir, en laissant la personne à nos côtés avoir froid. C’est presque ça, mais pris au sens métaphorique! Elle signifie plutôt qu’une personne tente de faire passer ses intérêts en priorité, ou qu’elle essaie de tirer profit d’une situation au détriment des autres, bien égoïstement.  

10. Avoir la broue dans l’toupet

Dans le langage québécois, la « broue » désigne de la mousse, souvent celle formée sur la bière. Le toupet (à prononcer « toupette»), quant à lui, est la frange des cheveux. Prise au sens littéral, cette drôle d’expression voudrait donc dire qu’une personne a de la mousse dans les cheveux! Vous serez alors surpris d’apprendre qu’une personne ayant « de la broue dans l’toupet » est une personne agitée et très occupée, bref débordée. L’origine de cette expression reste floue. La personne, étant pressée, a-t-elle bu sa bière si vite que la mousse est restée attachée à ses cheveux? Psst! L’automne est une saison idéale pour faire la tournée des microbrasseries dans l’est du Québec!

Alors? Connaissiez-vous déjà certaines de ces expressions? Parions que vous en apprendrez encore plus en visitant le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, la Côte-Nord et les Îles de la Madeleine. Planifiez dès maintenant votre prochain voyage au Québec maritime!

Catégories Pratico-pratique

Auteur Anne-Josée Pineau

Native du Bas-Saint-Laurent, Anne-Josée Pineau est une amoureuse de son coin de pays et elle ne se fait pas prier pour le faire découvrir aux autres. Jamais bien loin du bord de mer, elle est fascinée par les phares et pourrait bien se nourrir uniquement de fruits de mer! Sur le blogue du Québec maritime, elle aime vous présenter les attraits les plus originaux de nos régions, vous faire saliver en parlant des saveurs locales et vous intriguer en vous révélant quelques beautés cachées de notre territoire. Bref, elle souhaite vous donner une foule d’idées pour que vos vacances soient inoubliables!

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(3) commentaires

jean PAUL saliou

Caller l’orignal "appeler Raoul" en France de nos jours

Jean-Pierre Chollat

Merci pour ces perles linguistiques !

Anny Breuil

J’ai visité la Gaspésie, région magnifique. Ma fille vit à Gatineau avec son mari et ses 4 enfants. Je viens souvent la visiter. C’est un pays où il fait bon vivre!