Le blogue du Québec maritime
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Mont Provencher
Alexis Pageau
5 montagnes de l’est du Québec pour randonneurs aguerris
Les incontournables de la Gaspésie et de la Côte-Nord
La Gaspésie et la Côte-Nord sont des terrains de jeux privilégiés pour le plein air. Du côté de la randonnée pédestre, ces régions de l’est du Québec n’ont pas à rougir face aux montagnes plus renommées à travers le monde. Que vous vouliez rester sur des circuits balisés ou que vous soyez prêt pour l’aventure hors des sentiers, ces itinéraires représenteront de beaux défis. Randonneurs : à vos bâtons!
Gaspésie : marcher au sommet des Chic-Chocs
Mont Vallières-de-Saint-Réal
Avez-vous déjà rêvé de marcher sur les crêtes des montagnes? Le mont Vallières-de-Saint-Réal dans la réserve faunique des Chic-Chocs, permet cette expérience rare. Vous accèderez à l’entrée du sentier par la route du Lac-Sainte-Anne, faite de terre et de gravier, depuis la route 299. Vous partirez alors pour 12 km de marche (aller-retour) et près de 970 m de dénivelé positif dans un environnement qui passera des feuillus aux conifères avant de faire place à la végétation alpine.
Divisé en plusieurs parties, « les Vallières », comme les appellent les habitués, sont formés en réalité de 5 sommets, culminant entre 840 m et 940 m d’altitude. Le premier, le moins haut du groupe, vous aura permis de quitter la végétation et d’atteindre ce sol rocheux qui vous accompagnera tout au long de la crête. Chacun de vos pas vous fera admirer les alentours dominés par le parc national de la Gaspésie et ses 25 sommets de plus de 1000 m.
Règneront pour la suite des conditions qui peuvent s’avérer difficiles et changeantes. Ne négligez pas votre équipement afin de faire face à une météo parfois capricieuse. Les vents peuvent souffler fort et la pluie rend le sentier glissant.
Toutefois, ne nous décourageons pas! Cette portion est sans aucun doute celle pour laquelle vous déciderez de gravir ces montagnes! L’expérience unique qu’offrent les Vallières donne l’impression de marcher sur le toit des lieux. Vous continuerez ainsi vers l’amont en prenant garde, dans certains passages, aux dévers qui peuvent être très inclinés.
À noter : Les lieux sont accessibles à l’année, hormis en période de chasse (les dates varient de septembre à octobre). Vous pourrez ainsi randonner en bottes ou profiter d’une des plus belles sorties en raquettes!
Mont Jacques-Cartier
Le mont Jacques-Cartier est le plus haut mont accessible au Québec. Portant le nom de l’explorateur français ayant été le premier Européen à explorer le fleuve Saint-Laurent, cette montagne propose de parcourir 8,2 km (aller-retour). Un dénivelé positif de 465 m sera votre défi du jour pour cette randonnée (classée difficile) et pour atteindre le plateau formant son sommet à 1268 m au-dessus du niveau de la mer.
Pour rejoindre le point de départ de votre périple en montagne, vous devrez obligatoirement prendre la navette du parc national de la Gaspésie (frais à prévoir). Il faut comprendre que les lieux abritent une faune et une flore particulières et fragiles, notamment avec la présence du caribou. D’ailleurs, il est seulement possible de gravir le mont Jacques-Cartier de juillet à début octobre.
Le départ se fera, du coup, en groupe avant de s’éventer sur le sentier. Si vous êtes adepte de rando-solo et tenez à être seul lors de votre ascension, prenez quelques minutes avant de partir afin de laisser le groupe en avant.
Les premiers pas s’effectueront parmi les feuillus, sur un sentier relativement large. Gardez les yeux ouverts, car de nombreuses espèces d’oiseaux occupent les lieux, dont le sympathique et peu farouche mésangeai. Le dénivelé sera un peu plus faible sur le premier kilomètre avant de s’accentuer et de rester sensiblement le même jusqu’au plateau, que vous atteindrez 3 km après votre départ. Vous verrez, pas après pas, la flore se métamorphoser en réaction au climat de plus en plus difficile en prenant de l’altitude. Plusieurs secteurs vous permettront de voir les flancs rocheux des montagnes avoisinantes.
Peu avant d’atteindre le plateau, des bancs vous attendront pour une petite pause bien méritée. Vous aurez, depuis ce point, l’opportunité de prendre un sentier secondaire vous amenant au bord du Lac à René, à quelques centaines de mètres.
Une fois le plateau atteint, vous verrez de petits lacs formés ici et là dans les cuvettes aux alentours. Restez dans le sentier balisé par des cairns (petits amas de pierres) afin de vous rendre à la tour d’observation. Par temps dégagé, vous devinerez au loin le Saint-Laurent au bout de cet océan de montagnes. Vous pourrez aussi ressentir la fierté d’avoir parcouru le deuxième plus haut toit du Québec!
À noter : Depuis le mont Jacques-Cartier, vous pourrez continuer sur le sentier balisé jusqu’au mont Xalibu pour une randonnée totale de 24 km de niveau difficile (aller simple).
Mont Saint-Pierre
Bien qu’il soit possible de se rendre au sommet du mont Saint-Pierre grâce à une navette, c’est à la force des mollets que les plus sportifs le prendront d’assaut. La randonnée de 4,2 km (aller-retour) est classée comme intermédiaire. Toutefois, il ne faut pas sous-estimer son dénivelé de 430 m qui rend certains passages abrupts.
Après vous être stationné au pied du mont, vous débuterez votre marche sur une route de terre qu’emprunte aussi la navette de la Station de montagne sur mer. Au premier virage en lacet, le randonneur sortira de la route pour prendre le sentier dans le boisé. Commencera alors l’ascension en traversant un ruisseau sur lequel a été aménagée une petite fontaine entièrement en bois afin de diriger l’eau. Vous continuerez ainsi sur plusieurs kilomètres à prendre de l’altitude sous la protection de boulots, d’érables et de conifères. Vous pourrez à plusieurs reprises admirer les falaises de l’autre côté de cette vallée glaciaire. La partie boisée de votre route vers l’amont se terminera par un escalier de bois qui rejoindra ici la route de terre que vous avez empruntée lors de vos premiers mètres de marche.
Faites une halte à l’immense croix de fer construite sur le versant et profitez-en pour observer le paysage et reposer vos mollets. Face à vous se trouve l’immense Saint-Laurent, qui fait ici plus de 100 km de large! N’hésitez pas à apporter vos jumelles afin d’admirer ce géant, peut-être qu’un cétacé vous offrira un beau cadeau! À votre droite, vous verrez la vallée s’enfoncer dans les terres, en direction des hauts monts des Chic-Chocs.
La dernière partie de votre périple sera aussi la plus technique. Nous vous conseillons très fortement ici une chaussure montante assez rigide avec une bonne adhérence, car vous évoluerez à flanc de montagne sur des pierres instables. Pas d’inquiétude toutefois si vous êtes moins aguerri ou équipé, vous pourrez facilement suivre la route jusqu’au sommet! Si vous décidez de passer par le sentier, l’ascension se fera l’un derrière l’autre, dû à l’étroitesse du passage. Une main courante formée d’une corde sur des poteaux de bois aidera à vous sécuriser.
Vous arriverez ensuite au sommet. La vue sera alors incroyable, entre montagnes, vallée et Saint-Laurent! Selon la période, vous croiserez alors deltaplanes et parapentistes s’apprêtant à faire le grand saut au-dessus de l’eau. Plusieurs tables y sont disposées, vous permettant de prendre une pause avant d’entamer la descente.
À noter : Les adeptes de longues randonnées pourront rejoindre le Sentier international des Appalaches (SIA-IAT) et ainsi continuer leur parcours jusqu’au mont Jacques-Cartier.
Côte-Nord : entre montagnes sauvages et cratère de météorite
Pour commencer notre périple sur la Côte-Nord, soulignons avant tout que nous parlons ici de randonnées qui ne sont pas toujours balisées, dans un secteur reculé où les secours ont un accès difficile. Nous suggérons donc que vous ayez au préalable une bonne expérience en montagne et de solides connaissances en orientation pour arpenter ces sentiers. Gardez aussi en mémoire que planification et bon équipement sont rois dans ces milieux sauvages et que l’humilité face à la nature pourrait vous éviter bien des soucis. N’hésitez pas à vous procurer la carte de randonnée du secteur, sans négliger de les avoir aussi en format papier si vous utilisez un GPS. De plus, la neige dans la région peut être présente d’octobre à juin et les températures peuvent chuter très rapidement.
Mont Provencher
Parmi plus d’une trentaine de monts de plus de 1000 m dans les monts Uapishka (aussi appelés monts Groulx) se trouve le mont Provencher. Pour atteindre ce sommet moins connu du Québec, il faudra parcourir près de 340 km en voiture en s’enfonçant vers le nord depuis Baie-Comeau, sur la route 389.
Le camp de base qui vous offrira gîte et couvert sera sans nul doute la Station Uapishka, sur les rives du réservoir Manicouagan. Le sentier, par ailleurs, se trouve tout à côté, son stationnement étant au kilomètre 335. À noter toutefois que la station n’a pas de service de guide.
Après avoir enfilé vos bottes de montagne et empoigné vos bâtons de marche, vous vous engagerez dans un défi de 15,9 km et 615 m de dénivelé positif pour cette randonnée culminant à 1016 m. Aller jusqu’au sommet et en revenir vous prendra environ 7 h 30 en été, mais beaucoup plus en raquettes, l’hiver venu (environ 13 h).
Dès votre départ, c’est au sein des conifères que vous évoluerez. Ceux-ci deviendront de plus en plus petits, au fur et à mesure que l’altitude augmentera, laissant ensuite place à une végétation alpine. L’ascension régulière sur le sentier étroit vous fera traverser un paysage unique, sauvage et préservé depuis toujours. La présence humaine n’y est que peu visible, mis à part les panneaux et cairns balisant cette partie des monts Uapishka.
Un replat, section presque horizontale entre deux pentes, vous permettra d’avancer avec moins d’efforts dans ces paysages à couper le souffle, en attendant la deuxième section, plus abrupte. Cette dernière montée pour atteindre le sommet est très exposée aux éléments. Le décor, presque dénudé, vous rappellera l’immensité du territoire que vous parcourez, avec pour toile de fond les monts découpant l’horizon et l’île René-Levasseur au centre de son lac. Le sommet vous offrira la meilleure vue sur celle-ci. Deuxième plus grande île du Québec (après l’île d’Anticosti), elle a cette forme caractéristique due à une météorite qui frappa les lieux il y a 214 millions d’années ainsi qu’à la montée des eaux suite à la construction du barrage Daniel-Johnson (Manic-5). Le point culminant de votre randonnée vous offrira aussi la vue sur l’étendue des monts Uapishka, couvrant environ 5000 km2.
Avant d’entamer votre descente, n’hésitez pas à vous rendre jusqu’au lac Quintin, non loin du sommet, qui marque aussi la fin du sentier balisé.
À noter : Nous décrivons ici la randonnée pour rejoindre le sommet par le sentier balisé. Toutefois, contrairement à d’autres secteurs de randonnée au Québec, les monts Uapishka forment un territoire que l’on peut parcourir en dehors des sentiers. Il faut toutefois s’assurer d’avoir pris les mesures nécessaires avant de s’y aventurer.
Mont Jauffret
L’entrée du sentier pour le mont Jauffret se trouve 30 km au nord du stationnement du mont Provencher. Vous pourrez ainsi garer votre véhicule au kilomètre 365 pour entamer votre aventure.
Un aller-retour au mont Jauffret se fera sur une distance de 11,1 km avec un dénivelé positif de près de 980 m pour atteindre les 1065 m d’altitude de cette randonnée. Il est, aux côtés du mont Provencher et du mont Harfang, l’un des seuls sommets permettant une randonnée balisée dans les monts Uapishka. Encore ici, tout comme au mont Provencher, nous recommandons un bon équipement ainsi que la carte de randonnée du secteur.
Ce sentier commencera lui aussi par la végétation typique de ces latitudes. N’oublions pas que ce massif se situe au nord du 51e parallèle. La forêt boréale bordera votre déplacement vers l’amont pendant les 4 premiers kilomètres environ. Profitez de la couverture des conifères pour rester à l’affut de la faune qui peut s’y cacher!
Ensuite, vous ne pourrez sans doute vous abstenir d’une exclamation face à la féérie du paysage. Les arbres deviennent rares. Ce sont les roches et les herbes qui peuplent ce territoire dénudé par les éléments. Les habitués des montagnes y retrouveront alors tout leur vocabulaire d’un glossaire des lieux : pics rocheux, crêtes, vallées et monticules à perte de vue. Regardez vers le sommet; il ne manquera pas de contraster avec le ciel d’été, qu’il soit bleu ou gris.
Vous évoluerez ainsi jusqu’au point culminant. La vue sur l’œuvre de la météorite est imprenable et donne à réfléchir sur la force du monde qui nous entoure. Vos yeux parcourront sans doute tous ces dos ronds formés par les monts Uapishka sur des kilomètres.
À noter : Ici aussi, de nombreux itinéraires alternatifs sont possibles en sortant du sentier.
La magie de la nature vous attire? Les territoires immenses des régions du Québec maritime offrent de nombreuses autres randonnées palpitantes, et ce pour tous les niveaux!
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