Le blogue du Québec maritime

Chavirer à Anticosti
  • Anticosti
    Sepaq

Chavirer à Anticosti

Surnommée « l’île aux naufrages », Anticosti fera aussi chavirer - de bonheur - ses visiteurs. Difficile de résister au charme de ce joyau de la Côte-Nord doté de paysages spectaculaires. Le paradis des cerfs de Virginie sera aussi celui des amoureux de la nature, qui pourront notamment se faufiler dans une grotte au nom amusant, admirer des canyons étourdissants, ou se baigner dans des eaux cristallines.

C’était il y a deux ans, au crépuscule de l’été, et lorsque j’en parle à des amis, mes yeux retrouvent les étoiles qu’elle m’a inspirées. « Elle », c’est Anticosti. La plus grosse île du Québec : 8 000 km2, environ 220 km de long pour une cinquantaine de large. Voilà pour le pedigree. Sa réputation a depuis longtemps dépassé les frontières de son golfe du Saint-Laurent natal. À peine arrivé, on est saisi par son caractère sauvage et authentique. On est déjà ailleurs.

Port-Menier et son château fantôme

Ça commence par Port-Menier, unique village du territoire, seul endroit aussi où les routes sont asphaltées. Après ça, c’est l’aventure! Cette petite localité d’environ 200 âmes a quelques histoires à raconter, notamment dans son écomusée où de vieilles photos font renaître une imposante bâtisse aux allures aristocratiques, surnommée « le château », témoin d’une époque (fin 19e - début du 20e siècle) où l’île appartenait à Henri Menier, richissime chocolatier français. Il ne subsiste de cette résidence cossue, ravagée par un incendie en 1953, qu’une tour reconstituée surplombant quelques vestiges donnant un petit aperçu de son lustre d’antan. Parenthèse : on doit à ce milliardaire féru de chasse l’introduction du cerf de Virginie, dont la prolifération, faute de prédateurs, menace aujourd’hui certaines essences du milieu forestier, comme le sapin et le bouleau, dont ce glouton raffole. D’où la mise en place d’exclos, terme désignant des parcelles protégées qui permettent à la végétation indigène de s’épanouir sans subir la pression de l’animal, dont la survie dépend aussi de cette flore riche en protéines.

Un cimetière pour les bateaux

Le secteur ouest d’Anticosti donne aussi l’occasion de remonter les traces de l’ancien village de Baie-Sainte-Claire, avec ses deux cimetières (catholique et protestant) et les ruines d’un phare considéré autrefois comme l’un des plus beaux et des plus puissants du Saint-Laurent (1858-1960). L’île en compte six aujourd’hui, dont le plus ancien était géré par la famille Pope dans le secteur de Pointe-Sud-Ouest. Les ornithologues y trouvent leur compte, puisque l’on peut entre autres y observer le majestueux pygargue à tête blanche, qui niche en abondance sur l’île, et dont les battements d’ailes, lents et puissants, sont un régal pour les yeux, comme j’ai pu le constater un jour en me promenant sur la plage non loin de l’auberge McDonald. Il faut préciser que ce petit paradis était un véritable enfer pour les bateaux. Plus de 400 accidents y ont été répertoriés, ce qui lui a valu son surnom d’« île aux naufrages ». L’un de ces navires, le Calou, un chalutier en bois qui s’est abîmé sur le récif de la Pointe-Ouest en 1982, est toujours visible, de même que le Wilcox, un dragueur de mines gisant non loin d’un camping au kilomètre 118, grignoté chaque jour un peu plus par l’eau et le sel.

Des décors spectaculaires

À Anticosti, il faut ouvrir les yeux, et pas seulement pour apercevoir un cerf de Virginie, ce qui arrive fréquemment vu leur nombre (115 000 selon les estimations). Car ce joyau du Saint-Laurent compte quelques trésors sur son curriculum vitae chargé. Honneur aux dames avec la chute Vauréal, haute de 76 mètres, que l’on peut observer d’un belvédère ou en empruntant un canyon époustouflant qui a l’air tout droit sorti d’un décor de cinéma, où de drôles de formes, sculptées par le vent et l’érosion dans les parois vertigineuses, rappellent les monolithes de l’archipel de Mingan. Une véritable bibliothèque géologique à ciel ouvert, des millions d’années entassées les unes sur les autres! Par beau temps, la randonnée qui y conduit (comptez trois heures aller-retour), très rocailleuse, est un immanquable. Pour en prendre plein les yeux, on peut aussi tester le sentier des Falaises, situé vers le kilomètre 135. Ce parcours très boisé offre quelques jolis points de vue.

La magie opère également à Baie de la Tour. Ah, Baie de la Tour... Comment ne pas sombrer d’extase devant ses deux falaises qui ont l’air de deux chandeliers scintillants posés à chaque extrémité d’une longue table de sable. Le calcaire omniprésent donne à l’endroit des airs d’Étretat, surtout vu d’en haut, et le reflet de ses eaux turquoise nous transporte dans les Caraïbes. Pour profiter de ce panorama à couper le souffle, il faut emprunter le sentier Les Télégraphes, long de 5 km (en boucle), qui nécessite au total deux heures de marche, mais qui vaut vraiment la peine.

Des eaux enchanteresses

Vous en voulez encore? Alors arrêtez-vous à la grotte à la Patate, une des deux grottes accessibles sur l’île, avec celle des Trois Plaines, présente sur le territoire de Lac Geneviève. Il s’agit de la plus profonde du Québec avec 625 mètres, dont 580 ont pu être explorés. On commence debout pour finir en rampant dans la salle du Dernier-Repos. Claustrophobes, s’abstenir!

Si vous aimez le vert, émeraude de préférence, vous serez servi avec la rivière Jupiter, une des plus réputées au monde pour la pêche au saumon. Le genre d’endroit que les contemplatifs savoureront jusqu’à la dernière goutte, à l’instar d’un autre cours d’eau, la rivière Chicotte, dans le secteur de Chicotte-la-Mer, dont les eaux cristallines et tempérées invitent à la baignade dans un décor de carte postale. Un écrin vert et blanc que l’on a bien du mal à quitter. Anticosti dans toute sa splendeur.

Des forfaits pour un été animé!

Différents forfaits permettent aux visiteurs de découvrir l’île à leur guise durant l’été, tout en s’imprégnant de ses beautés, que ce soit sa faune et sa flore, son patrimoine historique ou encore ses sites géologiques remarquables. On peut se renseigner auprès de la Sépaq, dont les services incluent l’hébergement, la mise à disposition de véhicules tout-terrain, ainsi que l’accès au parc national d’Anticosti. Le transport par avion est compris dans ces offres.

Si l’envie vous titille de partir découvrir cette île surprenante, l’été est une belle occasion de sauter le pas. Anticosti ne vous décevra pas!

Catégories Carnets de voyage
Laisser un commentaire
*

(0) commentaire