En automne, le Québec est parfois le théâtre de circonstances météorologiques bien particulières que l’on appelle poétiquement « l’été indien ». L’expression, connue de tous, cache en fait une réalité imprévisible bien plus complexe que ce que l’on imagine généralement. Tâchons ici de lever un peu le mystère qui l’entoure.

Un phénomène unique en son genre

On associe souvent l’été indien à une simple revanche temporaire de l’été sur l’automne, une sorte de redoux momentané aux saveurs nostalgiques. Or, au-delà des paroles de la chanson que nous avons tous fredonnée un jour ou l’autre, il s’agit bel et bien d’un événement climatique particulier à l’Amérique du Nord qui doit répondre à plusieurs critères pour être qualifié comme tel. En voici ici la liste :

• Survenir durant l’automne
• Afficher des températures supérieures de 5 degrés à la normale saisonnière pendant la journée
• Durer, minimalement, pendant 3 jours consécutifs
• Avoir eu au moins un épisode de gel auparavant
• Avoir peu ou pas de brume matinale, suivie de belles journées ensoleillées avec moins de 5 mm de précipitations par jour
• Avoir des vents légers

Vous l’aurez compris, contrairement à l’automne qui, par définition, est une saison qui arrive inexorablement chaque année de façon cyclique en raison notamment de deux critères que sont l’arrivée des masses d’air froid sur l’hémisphère nord et la baisse de la durée d’ensoleillement journalier, l’été indien, lui, demeure un phénomène incertain. Ses critères sont nombreux et il peut ne pas arriver du tout ou bien durer plus d’une semaine! Toutefois, les experts s’accordent pour dire que les semaines les plus propices à son apparition sont les 3^e et 4^e d’octobre. À vos agendas!

L’expression « été indien »

L’expression « Indian summer » était répandue aux États-Unis dès la fin du 18^e siècle puis est progressivement arrivée au Québec où elle est devenue « été des Indiens ». C’est en Europe que l’on parle « d’été indien ».

D’où tire-t-elle son origine? Plusieurs hypothèses existent, dont la plus vraisemblable est que cette période clémente de l’année permettait aux peuples nomades des Premières Nations une transition facilitée des camps d’été aux campements hivernaux, un moment charnière dans leur vie, marquant la fin des récoltes estivales et le début de la chasse au grand gibier.

À quoi s’attendre?

Si l’été indien s’empare de nos contrées pour quelques jours, vous bénéficierez de journées assurément ensoleillées, peu venteuses, généralement sèches : les conditions idéales pour partir à l’aventure. Vous pouvez espérer entre 15 et 20 degrés au plus fort de la journée, des températures incitant à la pratique d’activités de plein air dont regorgent les différentes régions du Québec maritime. Cependant, notez que les matinées comme les soirées seront fort probablement fraîches et proches des normales de saison, soit aux alentours de 5 degrés.

Aussi, face à cette variation de température plutôt marquée, il est conseillé de se vêtir avec la technique dite de la « pelure d’oignon ». Cela consiste à porter plusieurs couches de vêtements que vous allez pouvoir retirer ou remettre au besoin. Comme la nuit arrive tôt durant cette période et que l’est du Québec jouit de nombreux endroits sans pollution lumineuse, vous pourriez aussi profiter du ciel limpide pour observer les étoiles.

Et les couleurs dans tout ça?

Pas d’inquiétude, elles sont au rendez-vous chaque année! En effet, la baisse généralisée et continue de la durée de la luminosité et des températures entraîne nécessairement une mise au repos des arbres feuillus qui cessent peu à peu de faire la photosynthèse (processus mis en œuvre par des cellules responsables de la couleur verte dans les feuilles) pour « se mettre au rouge » et ainsi nous livrer leurs plus belles teintes. La survenue d’un épisode d’été indien n’entraverait pas ce processus naturel qui fait le charme renommé de l’automne québécois.

« La cerise sur le sundae » comme on dit ici

Pour tout vous dire, venir explorer les joyaux du Québec maritime durant l’automne, c’est toujours une bonne idée, qu’il survienne un épisode d’été indien ou pas. Je vous le garantis, des paysages champêtres du Bas-Saint-Laurent aux spectaculaires côtes et montagnes gaspésiennes, en passant par les falaises de grès rouge des Îles de la Madeleine et les panoramas sauvages de l’immense Côte-Nord, la beauté est partout et, qui plus est, auréolée de la magie automnale.

Finalement, voyez dans l’été indien le couronnement inattendu de votre séjour, une occasion rêvée de refaire le plein de soleil et de douceur avant l’hiver.

Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/807023/ete-indiens-climat-explications