Le blogue du Québec maritime
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Au bout du monde à Forillon
Le Québec maritime
Le bout du monde au parc national Forillon!
Il y a cinq ans, j’avais réalisé le tour du Bas-Saint-Laurent – Gaspésie avec ma fille de huit mois en omettant un peu malgré moi d’explorer le parc national Forillon… Entre une nuitée de camping dans les Chic-Chocs et une journée à parcourir le nord de la péninsule, j’étais soufflée par la beauté des paysages et j’avais, pour ainsi dire, passé tout droit, choisissant je ne sais plus trop pourquoi de m’arrêter plutôt dans un camping à Gaspé. Quelle immense déception lorsqu’à mon retour j’ai réalisé que le parc national Forillon était là, tout juste à portée de moi, qu’il comptait plusieurs campings et que j’aurais pu aisément m’y arrêter avec mon bébé. J’avais contourné l’incontournable…
Car malheureusement on peut faire rapidement le tour de la péninsule par la 132 sans prendre réellement conscience des autres panoramas grandioses que l’on manque de près. De fait, le parc regorge de paysages côtiers fabuleux, de sentiers de randonnée ainsi que de majestueuses colonies d’oiseaux marins qui nichent dans les falaises et qu’il n’est possible de contempler qu’à partir de points de vue à l’intérieur de celui-ci.
Il faut donc absolument s’arrêter et prendre minimalement une ou deux journées pour découvrir Forillon et ses 244,8 km2. Cet « écueil dans la mer » abonde en beautés de toutes sortes : aux paysages montagneux et grandioses s’ajoutent sentiers fleuris, forêt boréale, animaux et oiseaux marins à observer.
Sis entre mer et terre, le premier parc national du Québec, créé en 1970, a de quoi séduire et surprendre. Simplement en deux journées, nous aurons croisé à Forillon un énorme orignal qui mangeait tranquillement et se laissait tant prendre en photo qu’on aurait dit qu’il posait; un bébé ours noir qui se nourrissait de fleurs en bord de route et un porc-épic d’Amérique qui faisait presque office de raton-laveur tant il étonnait par son appétit et sa grosseur.
Il faut prendre le temps de s’arrêter dans le secteur de Cap-des-Rosiers où une visite au phare s’impose. Plus haut phare du Canada, avec ses 34 mètres, il a été construit en 1854 et domine le paysage. Le secteur bénéficie présentement d’un projet de restauration côtière de 7 millions afin de rétablir la plage naturelle et de dynamiser l’écosystème côtier du secteur; on vient tout juste de détourner un tronçon de route pour ce faire.
Ensuite, le splendide cap Bon-Ami est un arrêt incontournable à l’intérieur du parc! On aurait envie d’y passer une éternité. Au-delà des 17 000 nids qui sont logés dans les falaises, des échoueries de phoques peuvent être contemplées de loin tout autant que des rorquals, parfois.
Il faut s’imaginer le Festival Musique du Bout du Monde s’y installer un matin à l’aube avec un artiste vedette. Émilie Devoe de Parcs Canada nous racontait, le regard pétillant, la prestation de Jorane il y a quelques années. L’écouter (Un extrait ici) en s’imaginant le soleil se lever tandis que Jorane interprète une pièce sur son violoncelle était tout simplement fabuleux!
Plusieurs activités qui nous en apprennent davantage sur la vie des Gaspésiens d’une autre époque ont également lieu à même le parc. Nos filles ont eu la chance de faire « chesser » (sécher) la morue, dans le cadre de « Apprenti-pêcheur recherché », une activité d’interprétation dans le secteur de l’Anse-Blanchette qu’elles ont simplement adorée, tandis qu’on riait aux éclats du bel humour de notre guide, Mathieu, et de ses acolytes. Les marchands de morue, Amérindiens, pêcheurs, chasseurs de baleines et tous ces gens qui ont fait de la Gaspésie ce qu’elle est devenue ne sont pas en reste avec l’exposition « Ces Gaspésiens du bout du monde » à la maison Dolbel-Roberts. On peut également, chez Hymans & Sons, explorer tout un arsenal de denrées et fournitures qui étaient distribuées à crédit aux pêcheurs avant le début de la saison par le magasin général.
Finalement, nous avons longé la côte jusqu’à Cap-Gaspé pour nous rendre… au bout du monde ! 4 kilomètres de sentiers au départ de l’Anse-aux-Amérindiens mènent à ce bout du monde peu après le phare du cap Gaspé. Les Mi'gmaq dénommaient d’ailleurs la pointe extrême est de la péninsule gaspésienne « Gespeg », qui signifie « là où la terre finit ». Évidemment, de ce terme sont issus les mots Gaspé et Gaspésie. Pour s'y rendre, on doit traverser le sentier des Graves, où plusieurs points d'observation donnent sur des bords de mer d’où l'on peut, notamment, admirer des baleines souffler, et ce jusqu’à Cap-Gaspé. Et puis, une fois arrivé au phare, on revient par un nouveau sentier. Les excréments le long du sentier nous ont rappelé que, bien qu’en bord de mer, nous étions aussi au cœur de la nature : des ours noirs y sont régulièrement aperçus.
La roche en strates de ce bout de terre a, au cours des derniers siècles, affiché plusieurs profils marquants. Un îlot rocheux au bas de ce cap de 95 mètres était d'ailleurs surnommé « La vieille ». L'îlot a aujourd’hui disparu, mais les pêcheurs continuent de nommer ainsi la zone marine de Cap-Gaspé. Aujourd'hui, la falaise du cap sert de lieu de rassemblement pour les goélands argentés et à manteau noir, les cormorans à aigrettes, les grands cormorans et les petits pingouins. Et dans ce décor enchanteur, touristes et randonneurs s’y photographient, fiers d’avoir à leur tour atteint cet endroit où la terre finit…
(1) commentaire
Naomi Beliveau
Merci pour cet article très intéressant! Il y a 22 ans, nous aussi sommes passé à côté avec notre bébé de 6 mois! 6 autres bébés plus tard, ils ont grandit, malheureusement l'aîné n'est pas venue mais nous on se retrouve dans ce parc majestueux pour 7 nuits... et je sens que ça ne sera pas assez! Mais grâce à vos coups de coeurs, on priorisera plus facilement!