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Le tour de la Gaspésie en moto
  • Faire le tour de la Gaspésie en moto, c’est un rite de passage
    FortNine

Le tour de la Gaspésie en moto

Faire le tour de la Gaspésie en moto, c’est un rite de passage. Le littoral de l’Est-du-Québec figure au rang des circuits légendaires et incontournables. Et ce n’est probablement pas pour la qualité des routes, qui varie au même rythme que le thermomètre. Et les magnifiques paysages ne sont pas la seule raison. D’une beauté à couper le souffle, les régions du Québec maritime offrent de nombreuses options pour le motocycliste avide de découvertes. Non, la Gaspésie est un rite de passage simplement parce qu’elle est .

La péninsule forme une langue de terre parfaite, s’avançant dans le golfe du Saint-Laurent en pointant vers les Maritimes. Une bande d’asphalte appelée route 132 en épouse les moindres contours, constituant la plupart du temps la ligne de démarcation entre la terre et la mer.  

Se laisser charmer par la péninsule gaspésienne à partir de la selle d’une moto est une expérience poétique frisant la perfection. C’est l’impression de complétude de ce circuit qui le rend si unique. C’est de le parcourir en trois jours, puis de pouvoir affirmer sans équivoque et avec conviction que l’on a fait le « tour de la Gaspésie ».

Mon objectif

Prenant le départ de Montréal, mon père et moi suivons la monotone route transcanadienne sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Il y a plusieurs années, dans l’intérieur de la Colombie-Britannique, mon père m’a appris à conduire une moto. C’était il y a longtemps, avant mes études universitaires et mon déménagement à l’autre bout du pays. Je ne vais plus à la maison aussi souvent aujourd’hui. C’était donc vraiment spécial de pouvoir rouler à nouveau avec mon père.

Nous restons sur l’autoroute jusqu’à Rivière-du-Loup, puis nous mettons le cap vers le sud-est en direction du Nouveau-Brunswick. Nous arrivons à Edmundston à la tombée du jour, confrontés à un dilemme déchirant : devrions-nous passer la nuit ici et entreprendre notre tour de la Gaspésie le lendemain, ou continuer à rouler pour atteindre Carleton-sur-Mer vers minuit?  

Je ne sais pas pourquoi nous avons décidé de poursuivre dans la nuit. Peut-être à cause de l’air frais qui nous fait sentir étrangement bien, même après huit heures sur la route. Ou parce que cet air humide et parfumé nous titille les narines et nous appelle.

Un air marin

Nous plongeons dans un monde marqué par l’obscurité et les étoiles scintillantes dans le ciel. L’aiguille luminescente de l’indicateur de vitesse vacille en harmonie avec ma main droite. À chaque coup d’œil dans mon rétroviseur, je vois un globe étincelant dont les mouvements suivent ceux de ma propre moto. C’est rassurant de savoir que, sur cette route isolée, bordée d’une forêt dense, épousant la géographie vallonnée et sur laquelle s’aventurent de téméraires orignaux invisibles dans la nuit, le phare de mon père garde l’œil sur moi.

Loin de la pollution lumineuse de Montréal, j’admire tout l’éclat des étoiles. Et, sous mes pneus, les marqueurs sur l’asphalte, épousant les caprices de la route, s’illuminent sous les feux de notre phare avant de se fondre tout aussi subitement dans la nuit.

Nous arrivons au camping de Carleton-sur-Mer vers une heure du matin. En silence et d’une façon méthodique tenant presque du rituel, mon père et moi montons notre tente sans vraiment voir le site ni sentir quoi que ce soit avec nos mains gelées. Notre balade nocturne s’est révélée aussi froide que superbe. Il est temps de dormir maintenant.

Le matin venu, wow! En sortant de ma tente, je constate toute la chance que nous avons. Le terrain de camping est situé sur une barre de sable s’étirant dans la baie des Chaleurs. J’enfourche ma moto et, en touchant au réservoir à essence, je sens la chaleur du soleil matinal sur le métal. Mes yeux suivent ses rayons miroitant sur l’eau, faisant fondre le gel sur les galets de la grève, se frayant un chemin parmi les herbages balayés par le vent et projetant une ombre filiforme derrière le phare tout près.

Bienvenue en Gaspésie

Nous nous préparons et prenons la direction de l’Oratoire Notre-Dame-du-Mont-St-Joseph. Nous atteignons au terme d’une longue ascension enivrante cette église perchée sur une montagne. Faisant une pause au sommet, nous admirons la vue sur le terrain de camping où nous avons passé la nuit et, peu à peu, nous tournons le regard vers l’est, sur la route épousant le littoral gaspésien, qui nous mènera à notre prochain arrêt.

Le rocher Percé. Nous arrivons à marée basse, ce qui nous permet de marcher jusqu’au monolithe, une masse absolument impressionnante de quelque 500 millions de tonnes de calcaire émergeant bien droite des eaux du golfe du Saint-Laurent.

Après une visite à La Maison du Pêcheur pour un souper de homard (qui nageait encore près de l’île Bonaventure le matin même), nous prenons la direction du parc national Forillon. Je suis renversé par la plage près du cap Bon-Ami. Même si elle dévoile un paysage aussi époustouflant que le rocher Percé, peu de touristes s’y rendent, contrairement au joyau du Québec.

À la fin de la journée, nous pénétrons à l’intérieur de la péninsule gaspésienne sous le soleil couchant. C’est une décision difficile de quitter la côte : la route 132 est d’une beauté extraordinaire. Mais je parie que la Gaspésie a encore plus à offrir.

Tandis que nous négocions les courbes serrées de la route 198, le paysage prend l’allure d’une vaste mer de montagnes tapissées de conifères s’étendant à perte de vue. Nous arrivons à la brunante à Murdochville, entourée de terrils de résidus de l’ancienne mine de cuivre, autrefois symboles de prospérité pour cette ville-champignon. Aujourd’hui, ils projettent leurs longues ombres sur la ville en cette fin de journée.

Nous arrivons à l’hôtel et nous prenons place à une table du restaurant de l’établissement. La salle à manger présente une ambiance sympathique dans un décor de tables à nappes arborant différents motifs à carreaux dans le bourdonnement des discussions des gens de l’endroit. Je commande un sandwich au homard, ce qui serait normalement le pire des choix dans une ville minière coincée dans les montagnes. Mais ici, en Gaspésie, il a le goût du sandwich le plus frais au monde.  

Hors des sentiers battus

À notre réveil le lendemain, nous décidons de partir sans itinéraire précis. La région des Chic-Chocs compte sans doute l’un des réseaux de moto tout-terrain le plus vaste et le plus accessible au Québec. Et il est possible d’en profiter pleinement.  

Nous commençons par nous orienter en suivant les éoliennes. Huit des dix plus grands parcs éoliens de la province se trouvent en Gaspésie, et ils constituent de bons indicateurs de la présence de routes d’accès. Nous faisons notre chemin dans ce réseau infini, donnant de bons coups de gaz pour grimper les sections les plus pentues. Nous arrêtons à l’occasion pour regarder les pales des éoliennes fendre les nuages de poussière que nous soulevons à chaque accélération.

À l’une de ces pauses, je suis frappé par l’aspect étrangement familier de l’intérieur de la péninsule gaspésienne. Les chemins forestiers vallonnés me rappellent ceux de l’intérieur de la Colombie-Britannique. Ceux de ma jeunesse. Même si nous visitons la Gaspésie pour la première fois, nous nous y sentons chez nous.

L’un des avantages de faire de la moto sur une péninsule est qu’il est pratiquement impossible de se perdre. La route 132 nous entoure. Que nous prenions n’importe quelle direction, nous avons l’assurance d’y aboutir un moment donné. Nous mettons le cap vers le nord autour de midi. Tôt ou tard, nous émergerons de la forêt pour atteindre la mer.  

Le chemin du retour

Lorsque nous sortons du côté nord, nous prenons le chemin du retour. J’emprunte un peu à contrecœur la route 132, pointant ma roue avant en direction de Montréal. Je peux maintenant dire que j’ai fait le « tour de la Gaspésie ». Mais cet endroit magnifique nous réserve encore quelques cadeaux d’adieu.

Cette portion nord– entre Manche-d’Épée et La Martre – est sans contredit la plus belle route que j’ai vue de toute ma vie. Et à Mont-Saint-Pierre, nous trouvons une plateforme de deltaplane où nous profitons du plus beau point de vue de tout le voyage.

Oui, je peux maintenant dire que j’ai fait le « tour de la Gaspésie ». Mais après avoir vu des paysages aussi exceptionnels durant le dernier segment, je suis maintenant convaincu que cet endroit a encore plus à offrir.

Je reviendrai. 

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(1) commentaire

Alain Blot

C'est moi Liliane merlier qui t'ai contacté ! Je suis la compagne d'Alain Blot. Ca fait un bail qu'on te connait et sommes heureux de te retrouver !! Bisous à vous 4 et a+